jeudi 15 janvier 2009

le repas familial constitue un des éléments fondateurs de la famille

Une enquête menée en 2007 pour le compte de l'UNICEF indiquait que 72 % des jeunes Canadiens de 15 ans soupaient «plusieurs fois par semaine» avec leurs parents, un chiffre qui plaçait le Canada au 18e rang mondial, loin derrière l'Italie (94 %), la France (90 %) et la Suisse (90 %).

La même enquête signalait que moins de 50 % des adolescents canadiens admettaient discuter régulièrement avec leurs parents, ce qui reléguait le Canada dans le peloton de queue en compagnie de l'Allemagne et de l'Islande.

Il s'agit là de constats inquiétants parce que le repas familial constitue un des éléments fondateurs de la famille, même si celle-ci est en mutation, affirment Bernard Roy, professeur à la Faculté des sciences infirmières, et Judith Petitpas, étudiante-chercheuse à l'École de service social.

Les deux anthropologues livrent d'ailleurs un vibrant exposé sur l'origine et le sens du repas familial dans un document diffusé depuis quelques mois dans le site Web de l'Institut Vanier de la famille.

«Ce n'est pas un article qui décrit ce qu'est devenu le repas familial, mais bien ce qu'est son sens premier», prévient le professeur Roy.

La prévalence de l'obésité et des problèmes associés à une mauvaise alimentation a donné une saveur particulière à l'alimentation en ce début de troisième millénaire, constatent les auteurs du document.

Dans le discours scientifique ambiant, s'alimenter est devenu une activité risquée par où vient ou part la santé.

En partageant le repas familial, l'enfant apprend sur le monde, sur son monde immédiat et sur lui-même.

En Amérique, par exemple, il apprend que le chien est un animal de compagnie, alors qu'en Asie, c'est un «animal comestible faisant partie de l'ordre du mangeable».

Les saveurs et les arômes appris à la table familiale sont «des marqueurs indélébiles qui s'impriment dans la trame de nos vies».

Le repas familial doit aussi être un temps de paix et un instrument de pacification qui remplit sa fonction anthropologique première: partager les nourritures pour créer des liens avec ses proches, pour faire famille.